Lydie B.

Sabine Wespieser Éditeur

21,00
Conseillé par (Libraire)
7 mars 2015

Petite merveille

« Amours » le dernier titre de Léonor de Recondo aux éditions Sabine Wespieser est pour moi un véritable coup de cœur autant pour le livre que pour l’auteur dont j’avais beaucoup aimé le précédent roman « Pietra viva » qui vient de paraître en format poche aux éditions Seuil. « Pietre viva » raconte quelques mois de la vie de Michel-Ange, Léonor de Recondo y interroge le mystère de la création et les obsessions de l’artiste.
Dans « Amours » Léonor de Recondo relate une histoire de femmes dans les années 1900, dans une maison bourgeoise du Cher. Le propriétaire des lieux, Anselme de Boisvaillant est notaire, il est marié à Victoire depuis cinq ans mais son épouse n’arrive pas à lui donner l’héritier tant attendu. Leur mariage était certes arrangé mais Victoire est jeune et belle. Pourtant celle-ci tellement corsetée dans ses dentelles, se sent comme cadenassée dans sa vie, et la musique qu’elle joue sur son piano ne suffit pas pour lui donner ce bonheur qui lui échappe désespérément.
Régulièrement, Anselme monte dans les combles de leur habitation, pour y retrouver Céleste, la jeune domestique qui n’a d’autre choix que de subir les ardeurs de son maître. Il faudra plusieurs semaines à cette jeune femme de 17 ans pour comprendre qu’elle est enceinte. Bien qu’elle tente de cacher sa grossesse pour ne pas être renvoyée, la maitresse de maison Victoire comprend les méfaits de son mari et décide de prendre sa destinée en main. Cet enfant sera le sien et Céleste qu’il l’a porté, restera à ses côtés. Les convenances bourgeoises laisseront alors place à la force des sentiments et aux amours cachés.
Léonor de Recondo nous décrit ces destins de femmes tout en finesse. C’est en violoniste virtuose qu’elle y rythme ses phrases dans une musicalité parfaite, une justesse des mots, une subtilité et une sensualité poétique.
« Amours » est un roman sur les secrets de famille, sur la maternité mais aussi sur la liberté des corps et l’éducation des jeunes filles au début du XXe siècle, celles qui lisaient en cachette Madame Bovary en s’identifiant à Emma.

Conseillé par (Libraire)
15 février 2015

UN CONTE "PUERTOLASIEN"

« La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel » (vous remarquerez que Romain a un don pour les titres à rallonge, plutôt évocateurs) c’est un roman sur l’amour, l’amour d’une mère qui peut soulevait des montagnes ou bien apprendre à voler par exemple.
L’histoire est celle de Providence qui est facteur à Paris, (elle ne veut pas que l’on dise factrice), en vacances au Maroc elle fait la connaissance d’une petite fille Zahera qui est hospitalisée depuis des mois, elle souffre de mucoviscidose, elle est orpheline et lutte toute seule dans cet hôpital. Providence va lui promettre de venir la chercher et de l’adopter. Mais les démarches sont bien longues, quand enfin elle a tous les papiers, Zahera est à bout de souffle, il est vraiment urgent de la rapatrier pour la faire soigner au plus vite à Paris.
C’est à ce moment-là que le volcan islandais se réveille et que l’immense nuage de cendres qui s’en échappe, empêche les avions de décoller. Providence est désespérée, l’état de sa fille est alarmant. Il faut trouver une solution dans l’urgence pour la ramener.
Et c’est là que toute la magie de Romain Puertolas opère, qu’inventera-t-il pour que Providence et Zahera puissent enfin se rejoindre et surtout pour que Zahera ait toutes les chances d’être soignée au mieux. Je vous laisse imaginer mais surtout je vous invite à lire ce conte « Puertolasien ». Romain Puertolas a dans ce roman écrit sur deux sujets sérieux : la maladie et l’adoption tout en y apportant sa touche d’humour, de légèreté et de loufoque. Mais en y mettant beaucoup de tendresse et d’amour. C’est un livre qui fait du bien et c’est bien là le plus important.

Conseillé par (Libraire)
15 février 2015

UNE FEMME LIBRE ET REBELLE

Clara Dupont-Monod dans son roman nous raconte la légende d’une femme de caractère : Aliénor d’Aquitaine. « le roi disait que j’étais diable » était la formule utilisée par l’Evêque de Tournai pour la qualifier, elle qui se voulait libre et rebelle.
Ce roman « Le roi disait que j’étais diable » permet à tous de revisiter cette période mouvementée de l’histoire de France tout en appréciant l’imagination de Clara Dupont-Monod qui a merveilleusement comblé les vides de nos archives.

L’auteur nous plonge dans le XIIe siècle au côté de Louis VII, jeune-homme qui menait une vie monacale c’est dire s’il n’était pas destiné à être roi. Pourtant il monte sur le trône de France à 16 ans à peine, après la mort de son père et le décès accidentel de son frère Philippe. Une épouse lui a été choisie, il faut assurer la descendance du royaume. Ce sera Aliénor d’Aquitaine, jeune-femme de 13 ans. Fille du Sud, attachée à sa terre et à ses troubadours, - elle est la petite-fille du troubadour Guillaume IX d’Aquitaine qui célébrait l’amour courtois et accueillait les poètes à la cour de Poitiers – Aliénor défie tous ceux qui s’élèvent face à elle, elle est une véritable forteresse. Mais Louis est immédiatement sous l’emprise de sa belle promise.
En donnant tour à tour, la parole au roi Louis VII et à son épouse Aliénor, Clara Dupont-Monod invente les premières années de ce couple improbable à la Cour de France, en s’appuyant sur la véritable chronologie historique des événements. Elle nous dessine les pages de cet amour impossible entre deux êtres que tout sépare. Aliénor est une héroïne fougueuse et indomptable qui aime la guerre, alors que le roi Louis est faible, éperdument amoureux et ne souhaite rien d’autre que la négociation. Elle l’incitera à prendre les armes et l’ entraînera jusqu’aux croisades. Un jour les pas d’Aliénor croiseront ceux d’Henri de Plantagenet et de Reine de France, Aliénor deviendra Reine d’Angleterre mais ce sera un autre livre.
Belle découverte !

Éditions Télémaque

Conseillé par (Libraire)
15 février 2015

MANET LE SECRET

Sophie Chauveau en spécialiste du roman biographique s’attache en véritable enquêtrice à nous restituer la vie de ce peintre de génie qu’était Edouard Manet. Bien entendu, une grande part de son existence demeure méconnue donc l’auteur a imaginé les moments qui auraient pu être les siens.
Edouard Manet est né en 1832, dans une famille bourgeoise et catholique dont le père Auguste était un homme strict qui ne supportait pas l’indiscipline, il n’imaginait rien d’autre que des études de droit pour son dernier fils. Mais Edouard envisageait son avenir bien différemment, il voulait devenir peintre. Pour son père « un Manet artiste serait un déshonneur ! » Pourtant peu à peu Edouard va acquérir cette assurance du haut de ses dix-sept ans lui permettra de faire face à son père et de prendre sa vie de futur peintre en main.
Certes, il n’en pas fini de provoquer les siens aussi bien au sein du clan familial que ses Pères en peinture qui années après années le refuseront dans les salons. Ses Tableaux font scandales, sa peinture est bien trop réaliste pour l’époque en effet Manet refuse d’embellir ce qu’il peint.
Manet mènera une double vie jusqu’à la mort de son père Auguste, cet homme auquel il n’osera jamais avouer sa liaison avec une jeune hollandaise protestante qui lui donnera un fils, ce fils caché qu’il ne reconnaîtra qu’au titre de filleul durant toute sa vie, mais dont le portrait figurera dans beaucoup de ses peintures.
Sophie Chauveau dans « Manet le secret » nous éclaire sur la vie de ce fabuleux peintre, un des pères de l’Impressionnisme, qui a vécu entouré de personnages célèbres comme Baudelaire et Zola mais aussi Renoir, Degas sans oublié la fidèle Berthe Morisot, sa complice.
Mais je ne vous en dévoilerai pas davantage, je vous invite à découvrir non seulement la vie du peintre scandaleux qu’était Edouard Manet mais aussi les grands bouleversements de cette époque comme les grandes transformations de Paris par le Baron Haussmann et la guerre de 1870.
Un formidable roman.

Conseillé par (Libraire)
9 février 2015

LAURENT GAUDE

Ce nouveau roman, tellement attendu de Laurent Gaudé, comme toujours, est une fresque magnifique sur Haïti, plus précisément sur la vie à Port-au-Prince. Une immersion totale dans cette ville monumentale, la ville officielle avec sa circulation incroyable, ses embouteillages permanents, ses petits marchands sur les trottoirs et les mères de famille qui font leurs achats quotidiens dans la rue. Mais ce livre est aussi celui de la ville parallèle avec tous ses bidonvilles. Une ville qui est sous tension permanente, une population qui a vécu une succession de difficultés et de drames et qui survit à un rythme effréné, ce rythme que l’on retrouve dans l’écriture de Laurent Gaudé, qui donne la musique du livre.
« Danser les ombres » raconte l’histoire de Lucine, une jeune-femme qui revient à Port-au-Prince après plusieurs années passées à Jacmel une petite ville plus au sud. Là-bas, elle a vécu un drame et elle doit annoncer la mauvaise nouvelle à la famille. Mais Port-au-Prince est tellement foisonnante de vie, de tumulte que cela lui donne le sentiment de revivre. Au hasard de son chemin, elle va être accueillie dans une ancienne maison close par un groupe d’amis qui se retrouvent là pour des petits moments de partage, ils y jouent aux dominos en sirotant un verre et en refaisant le monde. Il y a le vieux Tesse, le maître des lieux, le facteur Sénéque, Firmin, un ancien macoute devenu chauffeur de taxi, on y croisera aussi Lagrace, Ti-sourire, et Saul le docteur des pauvres. Entre Lucine et Saul, le chemin du bonheur pourrait peut-être se dessiner ?
Mais un terrible jour de Janvier, la terre s’ouvre et engloutie tout (le 12 janvier 2010 à 16h53 exactement) ce que les haïtiens appelleront le « goudou goudou » ravage Haïti. Ce séisme qui a fait plus de 300 000 morts a tout détruit. Mais il y a les blessés sous les décombres, ceux qu’il faut secourir au plus vite. Pour les Haïtiens, il reste toujours l’espoir. Il faut survivre, s’organiser, tenter de sauver des vies, faire très vite malgré les répliques qui plongent la ville dans la panique. Laurent Gaudé nous fait vivre cette immense solidarité collective, la force de ce peuple haïtien qui se relève toujours malgré les obstacles, cette fraternité indestructible.
« Danser les ombres » est le roman où Lucine elle aussi, va devoir poursuivre sa route, avec ceux qui sont vivants mais aussi avec les absents qui seront toujours là, ses êtres chers qui resteront pour toujours à ses côtés. Parce que les souvenirs de ceux qu’on aime sont éternels.
Dans « Danser les ombres » Laurent Gaudé nous raconte l’histoire de ces femmes et de ces hommes qui veulent rester debout et qui croient en cet amour qui résiste à tout. Un livre qui vous donne des frissons d’émotion.