Wagon, Ce laps de temps qu’il y a toujours entre quand on est arrivé à un moment crucial et quand on va devoir se remettre à bouger. Voilà.
EAN13
9782814501492
Éditeur
PublieNet
Date de publication
Collection
Temps Réel
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Wagon

Ce laps de temps qu’il y a toujours entre quand on est arrivé à un moment crucial et quand on va devoir se remettre à bouger. Voilà.

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Temps Réel

Livre numérique

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Jacques Serena, c’est plus qu’une voix, et c’est peut-être cela qui dérange le
plus : un territoire fait irruption dans la littérature.

Celui des fonds de ville, des piaules en étage. Chômage et boulots précaires,
hébergements de hasard, et l’intensité de la relation quand on sait, avant
même qu’elle se tisse, qu’elle sera forcément provisoire et instable.

La démarche de Serena, ce n’est pas faire exister littérairement un monde qui,
sinon, n’apparaîtrait pas dans la mémoire écrite. Cela, ce n’est pas la tâche
de la littérature. C’est de rester dans les fondamentaux du récit, produire du
temps, organiser (au sens étymologique) la parole. La représentation de
l’espace, les masques et les corps qui surgissent, dépendent d’abord de cette
relation qui se tisse, qui mêle du temps et de la parole.

Alors, oui, peut fasciner cette fragilité dite, et la noirceur où cela vous
embarque. C’est ce temps sans bords ni frontières, dans l’espace fermé d’une
nuit, d’une chambre de hasard, qui conditionne que la parole soit autre, et
révèle, sous notre parole commune, le territoire étranger qui nous réouvre au
monde.

Alors se conçoit la pauvreté des éléments que prend et reprend Jacques Séréna,
comme, un peu plus loin que Toulon, de l’autre côté de la frontière italienne,
que lui – de son vrai nom Gervasio – connaît aussi bien, le déployaient
quelques grands artistes comme Mario Merz : arte povera. Art de l’extrême, où
la contrainte joue aussi sur les éléments. Jamais vu que dans Serena la
bouche, lieu du corps par où s’énonce la parole, ce monologue infini dont il
nous confie aujourd’hui une fraction, la bouche donc se nourrisse d’autre
chose que de thon et nouilles mal cuites. Tout ici est signe, parce
qu’ailleurs est le déploiement essentiel.

Et radicale aussi l’interrogation sur la forme, sur ce fractionnement : il
n’est plus l’heure de héros de légende, via romans à fin heureuse, quand même
chaque rentrée littéraire nous servirait jusqu’à plus soif son lot de bluettes
périssables. Les personnages (la great lady de Plus rien dire sans toi)
deviennent allégorie de la littérature elle-même, ou sa parfaite inutilité de
rôle dans la précarité terrible que réserve la ville à ses plus fragiles.
Alors, dans ce déploiement, les lieux vides, les transitions et translations
de bord de côte ou de long d’autoroute, ou de gare à gare, dans ce sud
permanent, appellent encore parole, et masques qui la servent. Des masques
doux comme James Ensor savait les faire

FB

Merci à Fred Griot et Sarah Cillaire pour l'édition numérique originale de
Wagon.
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