Mala Vida

Marc Fernandez

Préludes

  • 4 juillet 2017

    Un peuple qui oublie son passé n’a pas d’avenir

    Après le retour au pouvoir d'une droite dure, héritière nostalgique de Franco, une série de meurtre sans liens apparents frappent l'Espagne. Malgré la censure du nouveau pouvoir en place, Diego Martin, journaliste sur une radio publique, va enquêter et, bravant les lois d'amnistie promulguées en faveur des anciens dirigeants et bourreaux phalangistes à la mort du Caudillo, faire éclater au grand jour un des plus gros scandales de l'ancien régime.
    Une intrigue prenante, des personnages attachants, ce premier roman de Fernandez, aussi passionnant que glaçant est une vraie réussite.


  • Conseillé par
    19 octobre 2015

    Franco n’est pas mort …

    Premier roman de cet auteur, journaliste de formation, au « Courrier International » où il suivait l’actualité Espagnole et d’Amérique latine. Il est également co-fondateur de la revue policière « Alibi ».
    Nous sommes en Espagne, dans une époque pas si futuriste que ça, l'extrême droite est revenue au pouvoir après 12 ans de socialisme. Les lois d'amnistie, comme dans d'autres pays, ont permis à des notables de s'en sortir avec les mains blanches comme neige. Ils ont encore des postes importants, des fortunes colossales et un pouvoir énorme. Certains sont des nostalgiques du franquisme et ne s’en cachent pas. Parmi eux des catholiques intégristes « Les Chevaliers du Christ » aux méthodes pour le moins peu orthodoxes !
    Un nouvel élu, Paco Gómez, ne savourera pas très longtemps sa victoire, il est abattu d’une balle dans la tête !
    Diego Martín lui commence son émission « Ondes confidentielles » sur Radio Uno. Journaliste d’investigation catalogué à gauche, l’arrivée au pouvoir de l’AMP (Alliance pour la Majorité Populaire), il est un rescapé, peut-être provisoire, des purges qui ont frappé les journalistes trop proches du parti socialiste. Il est une sorte de caution, pour donner bonne conscience au pouvoir. Et son émission d’investigations commence en plein milieu de la nuit. En espérant que le bon peuple dorme à poings fermés.
    Mais plusieurs affaires vont donner une audience imprévue à son émission…
    Un second meurtre est commis, la victime Don Pedro de la Véga ; y a-t-il un lien entre ces deux assassinats ?
    Isabel Ferrer quitte Paris pour s’installer à Madrid et créer un mouvement ANEV (Association Nationale pour les Enfants Volés) ! Elle a en mains des témoignages datant de l’ère Franco dévoilant que des enfants d’opposants mourraient souvent à la naissance, une purge ethnique déguisée ? Spécialité latine à rapprocher de ce qui s’est passé en Argentine ?
    Au rayon des morts violentes, une vieille religieuse est aussi abattue. Par qui et pourquoi ?
    A Madrid, Diego, Isabel, Ana une détective de choc et un magistrat David Pons occupent le terrain. Leurs révélations et leur esprit de lutte commencent à déranger en haut-lieu et dans certains groupuscules de chrétiens fanatiques… les menaces, intimidations, et sanctions pleuvent.
    Mais la lutte continue…
    Des personnages attachants et combatifs, et une noble cause à défendre, celle de ces enfants enlevés à leurs familles à la naissance au nom de l’intérêt du pays ou d’une minorité possédant tous les pouvoirs serait plus proche de la réalité. Un journaliste dit de « Gauche » Diego Martín ; une de ses précédentes enquêtes sur les cartels de la drogue a coûté la vie à son épouse. Alors il est prêt à aller jusqu’au bout. Un juge, David Ponce, ami de longue date de Diego, célibataire, risque son poste, mais il veut lui aussi se battre. Ana Durán, transsexuelle devenue détective, a gouté de la prison et de la torture en Amérique du Sud. C’est une battante, qui ne reculera pas non plus. Isabel Ferrer, célèbre avocate, s’investit pour raison personnelle et c’est elle qui sera en première ligne vis-à-vis de la presse.
    Une écriture plus journalistique que romancière, chose que j’ai beaucoup appréciée dans ce roman. Lecture très agréable qui va au cœur du sujet sans fioriture, pas ou très peu d’histoires sentimentales qui souvent paraissent ajoutées au récit et pour pas grand-chose. Ici rien de tout cela !
    Une découverte que ces pages noires de l’ère Franco, des rapts d’enfants à la naissance !