L'été des lucioles

Gilles Paris

Héloïse d'Ormesson

  • Conseillé par
    1 mai 2014

    Victor, âgé de neuf ans, vit avec sa maman libraire qui aime partager ses lectures via un blog, Pilar, la compagne de cette dernière, une artiste peintre que Victor appelle sa deuxième maman, et sa sœur Alicia adolescente. Ses parents se sont séparés car après la naissance de Victor son père François s'est enfermé dans une bulle, celle du syndrome de Peter Pan.

    La famille va passer les vacances au Cap Martin. Son père y a hérité d'un appartement de sa sœur Félicité mais il refuse d'y aller. Un été où Alicia s'intéresse aux garçons, où Victor fait la connaissance de Gaspard, de Tom et Nathan des jumeaux qui vont l'entraîner dans une villa abandonnée et de Justine dont il tombe amoureux. À la résidence, Edwige la Baronne qui vient depuis très longtemps laisse échapper devant Victor qu'elle a connu son père et sa sœur également. Mais quand Victor pose des question sur Félicité à sa mère, il n'obtient aucune réponse. Il sent bien que l'on ne veut pas lui dire toute la vérité. Victor va découvrir toute l'histoire et pourquoi son père ne veut plus venir. Neuf ans : un âge où l'on veut grandir, où l'on ne comprend pas toujours les adultes et en même temps où l'on veut rester dans l'insouciance de l'enfance. Un âge où quelquefois certaines choses deviennent claires à nos yeux.

    Après un début un peu lent, j'ai retrouvé avec plaisir la facilité de Gilles Paris à se glisser dans la peau d'un enfant et exprimer si justement les rêves que l'on se construit, les questions que l'on se pose, la naïveté et l'innocence conférées par cet âge.
    Un roman avec de la poésie débordant de tendresse et de fraîcheur !


  • Conseillé par
    1 mars 2014

    Gilles Paris n'est pas un écrivain prolifique : quatre livres en un peu plus de vingt ans ; tous ont en commun d'être le point de vue d'un enfant. Je n'ai pas lu "Papa et maman sont morts" (1991), par contre j'ai lu et aimé "Autobiographie d'une courgette" (2002) et "Au pays des kangourous" (2012). Dans ce quatrième roman, il utilise le même procédé, à savoir raconter une histoire vue par les yeux de son enfant-héros. Avec tout le respect et l'amitié que j'ai pour Gilles, je dois dire que le début m'a un poil ennuyé et que j'ai eu du mal à entrer dans son histoire. Les cent premières pages tournent un peu dans le vide une fois passées les présentations des personnages et des lieux, se répètent au point que je me suis demandé si j'allais pouvoir finir le livre. Je me disais également dans mon for intérieur que Gilles pouvait passer à autre chose, qu'il tournait un peu en rond.

    Je tiens à préciser que de prime abord, je ne suis pas fan des livres racontés par des enfants, je trouve le procédé parfois facile et souvent surexploité pour faire passer des approximations, pour ne pas aller au fond des choses, écueils que Gilles Paris avait su largement et finement éviter avec ses autres romans. Certes, là il aborde des thèmes très actuels comme l'alcoolisation des jeunes, la difficulté de vivre avec des parents divorcés, la non-difficulté de vivre avec deux adultes de même sexe qui s'aiment, ... mais c'est fait assez timidement. Voilà où j'en étais en passant la page 98 du livre, car là, enfin, le livre débute, et Gilles de dérouler son histoire avec ses secrets de famille bien enfouis, avec des personnages qui enfin agissent et prennent corps, grâce à l'apparition de la baronne Hedwige, le rôle qui fait passer ce roman dans la catégorie de ceux qu'on veut finir absolument. Là, enfin, Victor prend conscience que sa famille a une histoire pas forcément simple et qu'il doit la découvrir pour avancer et faire avancer les siens. Là, enfin, Gilles Paris installe un suspense (pas intense, on n'est pas dans un polar) et des situations extra-ordinaires, irrationnels. Et là, enfin, je retrouve tout le plaisir que j'ai déjà eu à le lire précédemment, toute la tendresse qu'il a pour ses personnages, qu'ils ont entre eux, de l'amour, de l'innocence -d'aucuns diront de la mièvrerie, ce que j'aurais pu dire s'il n'y avait eu ce tournant dans le livre, mais justement, je trouve que G. Paris sait éviter cette facilité avec justesse. Certains passages sont très réussis, notamment l'entrée non autorisée dans la Villa Cyrnos qui m'a fait inévitablement penser à Le château de ma mère de Marcel Pagnol : "La voix résonne dans mon dos et me terrifie. Je sens mes jambes trembler. De toute façon, je n'ai pas le choix. Je me retourne. Un vieil homme barbu, en short et tee-shirt tout taché, casquette enfoncée sur la tête et sandales aux pieds, me fait face, un râteau à la main. Justine et Gaspard se sont collés à moi." (p.123)
    Pour résumer, un roman un peu bavard au départ qui, heureusement trouve son rythme en seconde partie qui sauve largement l'ensemble. Très plaisant, humour et tendresse à toutes les pages (à partir de la 98, j'insiste). Malgré mes réserves, de jolies vacances à Roquebrune à partager.


  • Pas loin du coup de cœur

    " Maman tient aussi un blog où elle raconte l’histoire des livres, avec le prix, le nombre de pages et un mot pour le définir. C’est souvent « humain » ou « passionnant ». (p.12)"

    Gilles Paris m’enlève ici les mots de la bouche… c’est comme s’il pouvait prévoir. Car en effet, si je devais définir son roman en quelques mots, je dirai qu’il est profondément humain, tendre et passionnant.

    On suit Victor, petit homme de neuf ans, qui nous raconte les aventures extraordinaires qu’il a vécues à Cap-Martin, en compagnie de son meilleur ami Gaspard et de la jolie Justine.

    Cette fois-ci, l’ambiance du roman est plus joyeuse, le sujet est plus léger que dans les précédents romans de Gilles Paris. Ce roman est plus axé sur l’apprentissage de la vie, la découverte de soi… On voit Victor grandir petit à petit. Je l’ai trouvé très mûr et perspicace pour son âge et surtout très attendrissant.

    Ce que j’ai adoré par-dessus tout dans ce roman, c’est l’écriture de l’auteur. Ce dernier est un véritable virtuose des mots. On sent le travail qu’il y a derrière chaque phrase et chaque mot est pesé. C’est un délice à lire… et certains extraits sont si justes, si beaux, si poétiques, qu’ils vous mettent K.O. . Prévoyez un petit carnet à portée de mains histoire de tout noter, ou à défaut, un bloc de post-it !

    En conclusion, ce livre a tant de qualités que la fan d’Harry Potter que je suis pardonne aisément à l'auteur d’écrire plusieurs fois Voldemort sans t ! C’est un roman touchant, prenant, tendre. Un roman qui fait beaucoup de bien et que je conseille à tout le monde sans hésiter.


  • Conseillé par
    28 janvier 2014

    Fantômes, secret de famille

    Les romans d'apprentissage ne sont habituellement pas ma tasse de thé (et pourtant, j'adore le thé).
    Pourtant, ce roman-ci m'a plu pour divers raisons. D'abord parce que le récit se teinte de mystère, avec la présence des jumeaux, dont on devine qu'ils ne sont pas fait de chair et d'os (un peu comme dans les histoires que l'on se racontaient, enfants, pour se faire peur ; vous savez, ces apparitions au bord des routes....).
    Il y a ensuite la mère libraire, et qui lit, toujours et encore. Forcément, on se retrouve un peu dans ce personnage.
    Il y a également le secret qui plane autour de la jeunesse de Félicité, la tante de Victor. Que sait-il vraiment passé ?!

    Et puis il y a le Cap-Martin, son soleil et ses orages ; et les lucioles, qui éclairent la nuit.
    Pourtant, j'ai eu un gros doute en commençant ce roman : l'auteur allait-il nous décrire le même papa que celui du pays des kangourous ? Heureusement non, cela aurait été dommage.
    Au final, un roman tendre et frais, à déguster sur une chaise longue, un soir d'été après une journée au soleil.

    L'image que je retiendrai :
    Celle des villas cossues abandonnées que visitent les enfants, et dont les jumeaux ont les clefs....

    Une citation :
    "Si les mots doux sont importants quand on aime quelqu'un, se toucher et ne faire qu'un est comme une clé qui doit ouvrir toutes les portes." p.73


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    23 janvier 2014

    La magie des lucioles

    Communément appelé ver luisant, le mot luciole est bien plus joli pour qualifier cet insecte mystérieux qui serait d’ailleurs, en voie d’extinction. Pourtant cet été là, à Roquebrune-Cap-Martin, où Victor passe ses vacances, c’est l’invasion. Cachées dans les feuilles, nichées dans l’herbe, elles pullulent, et du haut de la terrasse de sa chambre, le jeune garçon ne se lasse pas d’observer celles qu’il compare à des guirlandes lumineuses. Dès les premières pages, le récit de Victor étonne par sa fraîcheur et sa maturité. Le jeune héros a deux mamans, un papa, une grande sœur, et une soif de savoir insatiable. Pourquoi son papa n’habite plus avec eux, et pourquoi refuse-t-il de les accompagner dans l’appartement de Cap-Martin, pourquoi sa maman dit de son papa qu’il n’est encore qu’un enfant, et enfin, pourquoi sa grande sœur Alicia ne pense qu’aux garçons… Tant de questions sans réponses et de souvenirs trop douloureux, que les adultes préfèrent prestement éluder. Alors Victor mène son enquête, et cherche à déterrer ces secrets de famille, enfouis bien trop profonds. Qu’on ne s’y trompe pas : c’est bien la magie qui est au rendez-vous sur le chemin des Douaniers, où l’enfant nous entraîne en courant. C’est là, dans cette nature indomptée, balayée par les vents et rongée par le sel de la Méditerranée, qu’il rencontre deux étranges jumeaux, Tom et Nathan. Accompagné de Gaspard, son ami d’enfance, et de Justine, sa « petite fée aux yeux verts et aux cheveux blonds », dont il est épris, Victor les suit au détour du sentier qui longe la mer jusqu’à Monaco. Les deux frères, surnommés « les corbeaux », les font entrer par effraction dans les riches et imposantes villas de la côte, dont ils connaissent les anecdotes par cœur. Mais si tout était limpide il n’y aurait pas d’histoire, et rien ne passe comme prévu. Laissant à l’enfant le grand soin de raconter, Gilles Paris a bâti un conte sincère, un récit d’initiation au jeu de pistes étourdissant, sans jamais céder à la naïveté. Sous sa plume, les personnages, à la lucidité déconcertante, prennent des allures fantasques. Alors quittons un instant le raisonnable et le sérieux. Plongeons-nous avec délice dans le monde de l’enfance, cet univers poétique tellement plus ludique et tellement plus heureux, où la magie des lucioles fait doucement effet.

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