Le Diable de Radcliffe Hall

Stéphanie des Horts

Albin Michel

  • Conseillé par
    28 mars 2012

    « Le diable de Radcliffe Hall » est un roman choquant et incroyablement cynique, mais en définitive vraiment délectable jusqu’à ces toutes dernières lignes. Si vous aimez les romans hors normes, complétement irrévérencieux, jetez-vous sur le dernier roman de Stéphanie des Horts.

    Ne vous laissez pas leurrer par la magnifique jeune femme de la couverture, celle-ci est loin d’être un ange. Maisie Kane, riche héritière un peu potelée, décide de partir à Londres à la recherche d’un mari…et d’un titre. Car le père de Maisie fait partie de ces self-made-men américains qui ont bâti leur fortune à la sueur de leur front. Les Radcliffe, tout au contraire, sont des aristocrates britanniques déchus, sans fortune mais à la renommée certaine (en réalité, surtout connus pour leurs frasques). Une rencontre improbable au Savoy et voilà notre ingénue Maisie parachutée telle un agneau parmi les loups. La danse peut commencer…

    Le récit est construit en plusieurs parties, l’auteur faisant des aller-retour entre le passé de l’héroïne, qui se déroule aux Etats-Unis en 1941 (année où ses parents sont décédés dans des circonstances obscures), et le présent, le Londres de 1953. Le roman qui commence comme une peinture des mœurs dissolues d’une famille d’aristocrates sans le sous, finit par prendre des accents dantesques, avec ses secrets de famille inavouables et sa plongée dans la perversité. Humiliation et brimades deviennent le pain quotidien de Maisie. Personnage qui, je dois l’avouer, m’a donné des sentiments mitigés. Parfois, je la plaignais, tant la famille Radcliffe s’amusait à la rabaisser et à la maltraiter (ce qui, en tant que lecteur passif, nous révolte forcément). D’autres fois, j’avais envie de la secouer comme un prunier à cause de sa passivité ou de certains propos racistes qu’elle a à l’encontre de sa nounou. Une héroïne très ambiguë, difficile à cerner, mais qui se révèle très intéressante à suivre jusqu’au bouquet final !

    Et j’avoue avoir été bluffée par le final, auquel je ne m’attendais pas et que j‘ai trouvé grandiose. Le roman aurait pu être un simple portrait de la décadence d’une famille aristocrate, mais c’est bien plus que ça, car le récit se teinte d’une touche de thriller et de suspense qui fait mouche. Le roman est mené de bout en bout d’une main de maitre, l’ambiance est licencieuse et scandaleuse à souhait. Alors, autant le dire tout de suite, ce roman n’est pas à mettre entre de jeunes mains, certaines scènes étant plutôt crues voire révoltantes. Mais le jeu en vaut la chandelle car chaque détail participe au schéma d’une vengeance monumentale, et pour ça, je dis bravo.
    En bref, un roman qui remue et ne laissera personne indifférent et dont la fin nous prend complétement à contre-pied. Etonnant. Ames sensibles, s’abstenir tout de même.