Quelques jours au Brésil, journal de voyage
EAN13
9782267023268
ISBN
978-2-267-02326-8
Éditeur
Christian Bourgois
Date de publication
Collection
Littérature étrangère
Nombre de pages
96
Dimensions
20 x 12 x 1 cm
Poids
110 g
Langue
français
Langue d'origine
castillan, espagnol
Code dewey
918.1046
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Quelques jours au Brésil

journal de voyage

De

Édité par

Christian Bourgois

Littérature étrangère

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En juillet 1960, Adolfo Bioy Casares (1914-1999) est invité pour une semaine à un congrès d'écrivains au Brésil, sous les auspices du PEN Club. C'est à cette occasion que naît ce journal de voyage (du 21 au 31 juillet 1960), où cohabitent les présences littéraires (Alberto Moravia, Elsa Morante, Roger Caillois, Graham Greene...) et les fantômes amoureux, les minuties du quotidien et la visite d'une Brasilia en construction, lors d'une journée en solitaire que Bioy éternise en prenant les photographies également publiées ici. Ce petit livre rare, quasiment introuvable jusqu'à ce jour, est l'occasion de retrouver Bioy Casarès dans la force de l'âge et de découvrir un épisode savoureux de sa vie, à savoir ses déboires amoureux avec une amante brésilienne.

Adolfo Bioy Casares est né le 15 septembre 1914 à Buenos Aires. Très vite attiré par la littérature, il rencontre Borges en 1932 dans la maison de Victoria Ocampo. C’est le début d’une longue amitié, qui marquera de son sceau les productions personnelles de l’auteur (et donnera lieu, plus tard, à une féconde collaboration littéraire publiée sous le pseudonyme de Bustos Domecq : Chroniques de Bustos Domecq, 1967 ; Nouveaux contes de Bustos Domecq, 1977). Deux ans plus tard, il fait la connaissance de Silvina Ocampo qui, avec l’aide de Borges, le convainc d’abandonner ses études et de se consacrer entièrement à la littérature. Ce n’est cependant qu’en 1940, après qu’il ait épousé Silvina Ocampo et renié six ouvrages, que débute sa carrière littéraire avec la parution de L’Invention de Morel – qui reprend les données de L'Île du docteur Moreau (H. G. Wells) pour mieux en récuser les conventions. Les nouvelles (Nouvelles fantastiques, 1945, Nouvelles d’amour, 1971…) et les romans (Plan d’évasion, 1945, Le Songe des héros, 1954…) publiés par Bioy Casares à partir des années 1940, ne cesseront ainsi de réitérer le mouvement commencé avec cet ouvrage — celui d’un fantastique à forte dimension psychologique, élégant et sensible, à l’image du « narrateur type » de l’auteur — un Don Juan pathétique, ironisant sur son destin et sur les femmes, déchiré entre enthousiasme et nostalgie, humour et sérieux, fantaisie et réalité.

Bioy Casares a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1981 et a reçu le prix Cervantès pour l’ensemble de son œuvre en 1990. Il est mort à Buenos Aires en 1999.

Extrait du début de Quelques jours au Brésil :

« Mon Journal du voyage de 1960 pourra peut-être être complété par quelques souvenirs d'un voyage de 1951. Dans le premier qui me vient à l’esprit, je suis en train de regarder depuis le pont d’un bateau les passagers qui montent par la passerelle. Mon attention est attirée par un groupe formé d'un Indien et de deux jeunes filles en sari qui le suivent, chargées de valises. Je saurai ensuite que la plus jeune et la plus jolie s'appelle Shreela. Elle est délicatement, lumineusement belle. Depuis l'heure où je l'ai vue, je n'ai plus eu d'yeux pour d'autres femmes. A fortiori pour Ophelia, qui n'est pas une femme mais une fille : une petite fille. Qui peut prévoir l'avenir ? D'une façon peut-être particulière, Ophelia est liée à mon voyage de 1960.

Un matin où je déjeunais dans la salle à manger du bateau, Ophelia passa près de moi et, avec une étonnante lenteur, elle s'effondra. On m'expliqua qu'elle s'était évanouie « par amour pour moi ». C'était une petite Brésilienne dorée, aux yeux bleus.

Je débarquai à Cherbourg et je pris le train. Shreela se disposait à s'asseoir à côté de moi, mais Ophelia lui demanda de lui laisser la place ; elle s'installa, me passa son bras autour du cou et appuya sa tête sur mon épaule. Depuis lors, avec Shreela, nous fûmes amis ; je veux dire, rien de plus qu'amis. Shreela était une jeune fille douée du sens de l'humour, fine, intelligente. Je fus gêné qu'elle reçoive un tel traitement, mais je n'intervins pas, car je me rappelai le conseil du père de Léautaud : que les femmes s'arrangent entre elles.

À Paris, Opheliña me téléphona plusieurs fois. Finalement, nous sortîmes un après-midi. Elle me donna un bout de papier, avec des annotations :

– Je t'ai appelé pour te donner cette adresse, à Rio. C'est celle de ma maison d'avant, parce que, si je reçois des lettres d'un homme, ma mère me met en pension dans un collège. Le concierge se chargera de me prévenir, pour que j'aille les chercher. Je veux que tu m'écrives.

Au Bois, elle m'embrassa à pleine bouche. Soudain, elle me repoussa pour me demander :

– Tu ne ferais pas ça avec une petite fille, Bioy ? »

« Ce journal succinct garde vivant le ton ironique de l’auteur. […] Si on pense à son Borges, le livre évoque aussi le ton constamment irrévérencieux de ses pages, son humour dévastateur. Quelques jours au Brésil répond également à cette caractéristique ; il est toujours d’une politesse exquise envers ceux qui méritent quelques grammes de son sarcasme. Il écoute avec la plus grande attention ceux qui ont quelque-chose d’intéressant à lui communiquer sur les façons d’être des Brésiliens. Il entend dire qu’il y a un racisme très souterrain dans tout ce pays, surtout vis-à-vis des Noirs. Par ailleurs, il ne peut pas non plus dissimuler son tempérament de séducteur incorrigible et ses tentations amoureuses. Ses opinions sur Brasilia, sur l’absence de justification pour créer une nouvelle capitale sont très utiles. En somme, c’était un plaisir immense de vous relire monsieur Adolfo Bioy Casares. » (J. Ernesto Ayala-Dip, El País)
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