Le sujet derrière la muraille
EAN13
9782749223674
Éditeur
Erès
Date de publication
Collection
Psychanalyse (Hors collection)
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le sujet derrière la muraille

Erès

Psychanalyse (Hors collection)

Indisponible
Pour rendre compte d’elle-même, la civilisation chinoise a fait usage d’une
langue écrite fortement codifiée et située très à l’écart de la langue
naturelle. Le sujet, pris dans un tel langage, ne « se » dit pas, mais se
trouve restitué selon un processus qui le retransforme en fonction de l’idéal
dont ce code est porteur. A côté de cette langue, « classique », une deuxième
langue, « vulgaire », a fini par prendre naissance, qui a visé, elle, à
reproduire le langage parlé. Pendant une longue période de son histoire – plus
d’un millénaire – la Chine a ainsi connu, pour ce qui fut de son expression
écrite, une situation de clivage unique, clivage dont l’une des deux facettes,
celle qui était située du côté de la reproduction de l’oralité, s’est trouvée
réservée à la consignation des récits romanesques et du théâtre. La tension
entre ces deux modes jette indirectement une lumière sur les visées
inconscientes de ce retravail de la réalité du sujet dont est porteuse
l’entreprise idéographique : et s’il apparaissait qu’une déhiscence, qu’une
fissure pût apparaître dans le système fermé qui place le sujet à l’abri de la
muraille de la perfection reconstituée dans laquelle le code écrit rend compte
de lui, mais dans le même temps le rend mutique ? S’il se faisait que des
brèches vinssent jeter le doute dans cette tentative de réécriture de
l’histoire du sujet, brèches qui seraient occasionnées par quelque chose se
situant au niveau de sa prise de parole ? Pris entre deux langages, le sujet
ne s’est jamais dit, en Chine, comme sujet. Et pour cause : le système de
langage dont il s’est doté a visé à le pourvoir en inviolabilité. Le thème de
la muraille est une figure qui dit précisément la séparation, pour ce qui est
du sujet, du savoir et de la vérité. Et la brèche, en servant d’image à ce
qu’aurait de redoutable la perte de cette séparation, traduit le caractère
inévitable de cette dernière.
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