Discours de la servitude volontaire
EAN13
9782380880106
Éditeur
Les explocrapatouilleurs
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Discours de la servitude volontaire

Les explocrapatouilleurs

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782380880106
    • Fichier Mobipocket, libre d'utilisation
    • Fichier EPUB, libre d'utilisation
    • Lecture en ligne, lecture en ligne
    2.99
Lorsqu’il écrit Le discours de la servitude volontaire, vers 1548, Étienne de
La Boétie est un étudiant en droit de 18 ans, à l’université d’Orléans, qui se
prépare à une carrière dans la magistrature. Sans doute marqué par la
brutalité de la répression d’une révolte antifiscale en Guyenne en 1548, il
traduit le désarroi de l’élite cultivée devant la réalité de l’absolutisme.

Le Discours de la servitude volontaire constitue une remise en cause de la
légitimité des gouvernants, que La Boétie appelle « maîtres » ou « tyrans ».
Quelle que soit la manière dont un tyran s’est hissé au pouvoir (élections,
violence, succession), ce n’est jamais son bon gouvernement qui explique sa
domination et le fait que celle-ci perdure. Pour La Boétie, les gouvernants
ont plutôt tendance à se distinguer par leur impéritie. Plus que la peur de la
sanction, c’est d’abord l’habitude qu’a le peuple de la servitude qui explique
que la domination du maître perdure. Ensuite viennent la religion et les
superstitions. Mais ces deux moyens ne permettent de dominer que les
ignorants. Vient le « secret de toute domination » : faire participer les
dominés à leur domination. Ainsi, le tyran jette des miettes aux courtisans.
Si le peuple est contraint d’obéir, les courtisans ne doivent pas se contenter
d’obéir mais doivent aussi devancer les désirs du tyran. Aussi, ils sont
encore moins libres que le peuple lui-même, et choisissent volontairement la
servitude. Ainsi s’instaure une pyramide du pouvoir : le tyran en domine cinq,
qui en dominent cent, qui eux-mêmes en dominent mille... Cette pyramide
s’effondre dès lors que les courtisans cessent de se donner corps et âme au
tyran. Alors celui-ci perd tout pouvoir acquis.

Dans ce texte majeur de la philosophie politique, repris à travers les âges
par des partis de colorations diverses, La Boétie oppose l’équilibre de la
terreur qui s’instaure entre bandits, égaux par leur puissance et qui se
partagent à ce titre le butin des brigandages, à l’amitié qui seule permet de
vivre libre. Le tyran, quant à lui, vit dans la crainte permanente : n’ayant
pas d’égaux, tous le craignent, et par conséquent, il risque à chaque instant
l’assassinat. Elias Canetti fera une peinture similaire du « despote
paranoïaque » dans Masse et puissance.

Si La Boétie est toujours resté, par ses fonctions, serviteur fidèle de
l’ordre public, il est cependant considéré par beaucoup comme un précurseur
intellectuel de l’anarchisme et de la désobéissance civile. Également, et
surtout, comme l’un des tout premiers théoriciens de l’aliénation.
S'identifier pour envoyer des commentaires.